
Mon avis sur la FLSun Super Racer
Je vous propose ici mes impressions sur la FLSun Super Racer. Il s’agit d’un ressenti personnel et elles n’engagent que moi. Mais j’espère que cela vous fournira quelques pistes si vous vous posez des questions sur cette machine. J’ai surtout mis l’accent sur ce qui me dérange.
Pour mettre ces appréciations dans le contexte, il faut savoir que ma précédente machine était une Artillery Sidewinder X1 que j’ai gardée environ deux ans. Et avant j’avais le célèbre clone Geeetech de la Prusa. C’étaient des machines cartésiennes (donc avec un plateau carré qui se déplace d’avant en arrière) et que la SR est ma première delta.
Sommaire
Les connecteurs : l’esthtétique avant le pratique
Pourquoi avoir mis les connecteurs usb et carte sd sur le côté ? Il aurait été beaucoup plus pratique de les mettre sur le devant ou à côté du plateau. Là, il est nécessaire de faire le tour de la machine pour insérer la clé ou la carte microsd. Pas pratique, surtout avec la carte. On voit ainsi régulièrement des déports de ce type pour pouvoir y accéder plus facilement.
La bonne nouvelle c’est que FLSun permet d’utiliser soit une clé usb, soit une carte micro-sd pour vos fichiers stl. La mauvaise c’est qu’il faut bricoler pour choisir. Par défaut, la machine est configurée pour utiliser la carte micro-sd et l’usb n’est pas actif. Si vous préférez utiliser une clé usb, ce qui est quand même plus pratique vu la position des connecteurs, il vous faudra flasher la machine. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Le plateau : il est rond (aïe !)
Le plateau mesure environ 26 cm de diamètre. Lorsqu’on vient d’une cartésienne, même d’une cartésienne équipée d’un plateau de 30cmx30cm, on se dit que 4 centimètres de moins, ça ne fait pas beaucoup. En fait c’est faux.
26 cm maximum… mais seulement pour une ligne fine !
Une petite comparaison pour essayer d’être clair. Sur un plateau carré de 300x300mm, la diagonale étant plus grande que 300mm par principe, vous pouvez imprimer, par exemple, une pièce de 400x5mm en la mettant à 45°,
Sur un plateau circulaire de 26 cm… on ne peut pas faire des pièces de 26cm… sauf si elles ne font qu’une ligne d’épaisseur ! Plus la pièce est large et plus il faudra réduire sa longueur pour la faire tenir. Sur un plateau rond la pièce doit être inscrite dans le cercle. Voici quelques exemples pour vous aider à comprendre. Le plateau est calibré sur 26cm de diamètre.
Pour une pièce de 5mm de large, par rapport à un plateau carré de 30cm on perd 14cm de longueur d’impression !
Si vous voulez faire un carré , vous ne dépasserez pas 183mm de côté. Moins que n’importe quelle cartésienne standard et pratiquement le quart de surface d’une cartésienne de 30cm ce côté !
Moralité de l’histoire : réfléchissez bien aux pièces que vous envisagez de faire avant de vous lancer dans une delta (car, bien sûr, ceci vaut pour toutes les deltas). Certes, tout le monde ne fait pas des pièces de 30 ou 40cm mais autant bien comprendre les limites.
Pas de plateau magnétique… mais un bon plateau de verre
Bien sur on peut vivre sans, mais le plateau magnétique apporte un vrai confort d’utilisation, ne serait-ce qu’en n’obligeant pas à attendre le refroidissement pour décoller la pièce. J’imagine que c’est un surcoût pour le constructeur et que c’est pourquoi il n’y en a pas. Mais dommage quand même. Ce pourrait même être une option au moment de l’achat.
Cela dit, la qualité du plateau de verre est plutôt bonne. Je ne l’ai pas utilisé longtemps puisque j’ai vite mis un PEI de chez Energtic mais je n’ai jamais eu de problème avec, sauf pour les premières impressions où ça collait vraiment très fort. Mais j’ai connu ça pour toutes mes imprimantes. Ils doivent mettre un produit dessus…
C’est magique, ça ne bouge pas !
Alors là, c’est un vrai bonheur. Par rapport à une cartésienne dont les déplacements du plateau dans l’axe Y font vibrer la machine, avec une delta, rien, pas un mouvement du plateau. Bon, les bras se chargent de faire vibrer et surtout de faire un sacré boucan. Mais on apprécie vraiment cette immobilité du plateau.
Le plateau fixe a un autre énorme avantage : il ne prend pas de place ! Sur une cartésienne, il faut toujours prévoir de la place à l’arrière (et parfois à l’avant) puisque le plateau recule et dépasse souvent l’arrière de la machine. Ici, c’est inutile. La machine prend juste la place du socle, donc environ 45cm par côté du triangle. Avec quand même un petit dépassement au branchement du câble d’alimentation secteur. Il aurait suffi que FLSun fournisse un câble coudé pour gagner quelques centimètres
Le bruit : bof
Cette machine fait un sacré boucan, je trouve. A moins que je sois tombé sur un modèle à problème (ce qui ne semble pas être le cas sur le reste de la machine), je la trouve très bruyante. Il paraît que les drivers sont des TMC2209, réputés silencieux. Encore heureux. J’ai l’impression que le bruit vient beaucoup des ventilateurs. FLSun annonce moins de 50dB à 200mm/secondes. Il faut que je retrouve mon sonomètre pour vérifier, mais ça m’étonnerait quand même.
L’extrudeur : mou du genou
Cette machine est Bowden, c’est à dire que l’extrudeur est fixe à l’extérieur de la machine et pas sur la tête d’impression. C’est un clone d’extrudeur Bondtech. Je lis que certains n’ont pas de problèmes avec. Tant mieux pour eux. Moi je n’ai pas réussi à imprimer de filament mou, style TPU. Tout s’entortille dans l’extrudeur, autour des pignons. Je vous laisse apprécier…
Cela est du en partie à la qualité des pignons qui ne valent pas tripette. Cela explique aussi que pas mal de monde, soit achète un vrai extrudeur bowden de chez Bondtech (ou autre marque de qualité), soit passe au direct drive qui gère bien plus facilement les filaments tendres (ce que j’ai fait mais qui fait grimper le prix de la machine).
L’écran : pourrait faire beaucoup mieux
L’écran est de très bonne qualité : lisible, tactile au top, vitesse d’affichage parfaite. Le tricolore bleu pour les dessins, blanc pour le texte et rouge pour certains arrière plans est plutôt moche mais ce n’est pas bien grave. En revanche, il vaut mieux passer vite fait sur la version française qui n’apporte pas grand chose vu la qualité de la traduction.
Le problème de cet écran c’est qu’il est d’une pauvreté fonctionnelle à faire pleurer. On peut faire les réglages de base : levelling, gestion du filament, mise en température, débrayage de moteurs et réinitialisation. On pourrait se dire qu’il est simple avec l’objectif d’aider les débutants. Mais alors c’est assez incohérent. Par exemple il propose des température préréglées pour le PLA et l’ABS seulement. Quelle idée ? Pour un débutant, PLA et PETG auraient été plus appropriés, je trouve. De la même façon, rien pour calibrer l’extrudeur. Il faut donc passer par pronterface, octoprint ou un trancheur (ou une carte sd) pour envoyer les commandes. Et pourtant la calibration de l’extrudeur est quasi indispensable.
Pour résumer, les choix sont curieux et FLSun devrait proposer une autre version de firmware écran. Heureusement il existe des firmwares alternatifs. Mais ils demandant d’installer… un nouvel écran pour profiter des avantages. Et un écran, ce n’est pas donné.
Le flashage : finger in the nose
Souvent avec les imprimantes 3d, il est assez compliqué de flasher la machine pour la faire évoluer. Ce n’est pas le cas chez FLSun. Le constructeur a été sympa et on peut flasher la carte-mère simplement en démarrant sur la carte micro-sd avec les bons fichiers.
Pour flasher l’écran, en ravanche, il faut le sortir de son boîtier pour insérer la carte sd. Pas vraiment pratique alors qu’une simple fente dans le boitier aurait réglé le problème. Heureusement qu’on trouve des stl pour corriger ça.
Imprimer en plusieurs couleurs ? Ben non.
Rien n’est prévu à l’écran pour changer de couleur en cours d’impression. Et la commande M600, qui permet d’enclencher le changement sur une couche précise, n’est pas implantée.
Dès lors il faut utiliser des moyens détournés comme par exemple couper le filament avant le capteur de filament pour faire croire qu’on est à cours. Et pour le coup, on peut mettre une autre couleur. Sinon, il faut un logiciel spécial ou… flasher l’imprimante avec un firmware alternatif et acheter un nouvel écran.
Donc. Finalement ?
Si je devais résumer, je dirais que cette machine que j’ai depuis 2 ou 3 semaines me prend la tête.
De façon générale, les composants ne sont pas extraordinaires, en tout cas sur mon exemplaire. Le bloc de chauffe par exemple est un ersatz de volcano à pas cher. On arrive à imprimer quand même avec, rassurez-vous. Quant à l’extrudeur, il est très moyen.
En revanche, la cage est très rigide et permet de faire évoluer la machine en partant sur une bonne base. Mais il faut quand même mettre la main au portefeuille pour avoir de bons composants, ce que je trouve dommage sur une machine dont le prix officiel (même on trouve facilement moins cher) est d’environ 500€.
Sur le plan de l’utilisation, le vrai sujet à garder en tête c’est que le plateau rond de 26cm est finalement assez petit et peu pratique si on fait des pièces cubiques.
Mais au chapitre des points positifs, il y en a un de taille : la vitesse. Avec du PLA à 220°, je tourne au minimum à 100mm/s. En acceptant de dégrader ou en optimisant les réglages, on peut monter jusqu’à 200. C’est quand même extrêmement pratique pour tout ce qui est prototypage. Pas besoin d’attendre des heures. Pour moi c’est le point essentiel.
Et pour finir sur une note optimiste, je dirai que je lis beaucoup de commentaires d’utilisateurs qui sont très contents de leur Flasun Super Racer. Peut-être suis-je trop exigeant avec cette machine.